Erotisme

Lettre n°3

Lettre n°3

aux étudiants

Les canaux de manifestation de l’amour :

la voix, le cœur, le sexe

L’amour s’exprime dans l’intimité individuelle par trois canaux principaux : la bouche (tête), partie externe de l’organe d’expression de la parole ; le cœur (poitrine), organe figuré d’expression des sentiments ; le sexe (bassin), organe d’expression de la vitalité sexuelle et de la créativité de l’esprit.

Le principal canal de communication partant du cœur passe par le larynx et par la bouche. C’est le premier canal utilisé par le nourrisson lorsqu’il tend ses lèvres et sa bou-che vers le sein maternel.

En tendant ses lèvres, le nourrisson tend aussi son cœur vers sa mère. Ce mouvement qui exprime l’amour se retrouve dans le baiser et la succion, dans l’acte de fellation chez la femme et dans celui du cunnilingus chez l’homme.

Le second canal de communication du cœur passe par les bras et les mains lorsqu’ils se tendent pour toucher. Les bras sont reliés au tronc et à la poitrine (siège du cœur). Cela signifie que les sentiments d’amour sont manifestés par les mains et les bras.

Chez l’humain on a l’image de l’amour qui s’exprime com-me le contact doux, tendre et caressant des mains amoureu-ses. Les mains, organes de manifestation des sentiments amoureux, sont très chargées énergiquement. Leur contact est salutaire.

La circulation de l’énergie magnétique dans le centre des mains peut être bloquée par les tensions de l’épaule ou par les crispations musculaires de la main. Les tensions des petits muscles de la main résultent des impulsions refou-lées à étreindre ou à saisir, à griffer ou à étrangler. Ces tensions sont d’une certaine manière responsables de l’arthrite rhumatismale des mains.

Le troisième canal de communication du cœur vers le monde extérieur descend vers la taille et le pelvis jusqu’aux organes génitaux situés dans le bassin. Les rapports sexuels sont un acte d’amour, mais il dépend de la participation du cœur, peu importe qu’ils soient un simple geste ou l’expression d’un sentiment sincère.

Lorsqu’on éprouve un amour passionné pour son parte-naire, l’expérience sexuelle a une intensité et atteint un niveau d’excitation qui font de l’orgasme ou du paroxysme une expérience extatique.

Faire l’amour sans affectivité, c’est comme manger sans appétit ou courir avec une seule jambe. Le problème dans l’instant de l’actuelle évolution planétaire est que la plupart des individus ne fonctionne pas en reliant le bas et le haut du corps. Il est difficile d’aimer corps, âme et esprit.

Le bas du corps est généralement développé, et même très développé, chez l’ensemble des individus composant l’hu-manité.

En revanche, le haut du corps laisse à désirer, car la plupart des individus pratiquent les rapports sexuels avec une conscience peu développée de ce que constitue spirituellement l’acte d’amour. Chez d’autres, le haut du corps est développé, mais le bas présente quelque atrophie musculaire et présente un aspect infantile.

Chez les femmes, le cœur a un lien direct et immédiat avec les seins, qui réagissent de façon érotique ou glandulaire ou hormonale aux impulsions venant du cœur. En cas d’exci-tation sexuelle, les mamelons sont engorgés de sang et se durcissent ; en cas d’allaitement, les glandes sécrètent du lait.

Le fait d’allaiter, marqué par le phénomène de succion chez l’enfant qui prend le lait, est donc normalement l’une des expressions les plus évidentes de l’amour maternel. Par la succion le bébé, en absorbant le lait nourricier, réceptionne dans le même temps une énergie subtile d’amour que la mère donne par l’organe émetteur vital des seins, les chakras des seins.

Sucer, c’est par conséquent, l’acte de prendre, de récep-tionner, d’absorber, d’assimiler ce qui est donné généreu-sement par le donateur amoureux ou la donatrice amou-reuse. Lorsque l’homme tend sa bouche vers le mamelon du sein que sa partenaire lui offre, deux phénomènes se pro-duisent : elle donne son affection et le partenaire l’honore en lui donnant la sienne, d’où résulte un échange harmo-nieux et équitable d’amour.

De la même manière, lorsque la partenaire suce le gland du pénis masculin, on note également un double phénomène : l’homme offre généreusement à sa partenaire l’énergie sub-tile qui émane magnétiquement de son pénis et la femme, par la succion pénienne, démontre sa tendre affection tout en recevant le don d’énergie magnétique que lui offre son partenaire.

Il est difficile d’imaginer que le lait de la mère ne puisse pas convenir à son nourrisson. C’est un lait imprégné du ma-gnétisme vital de la mère, donc le seul qui convienne véri-tablement au nourrisson.

Ce n’est qu’en cas de nécessité absolue (absence ou maladie de la mère) qu’on remplacera le lait maternel par un lait de substitution. Il existe une relation symbolique entre le lait maternel et le sperme de l’homme car l’un et l’autre sont porteurs de vie. En suçant le mamelon, l’homme retrouve une partie des sensations qu’il a connues lorsqu’il était bébé.

Dans le même sens, la femme se retrouve dans la position de l’enfant à la mamelle lorsqu’elle suce le pénis du parte-naire qui, en éjaculant, lui offre la substance précieuse de vie. Même sans éjaculation, elle bénéficie de l’énergie ma-gnétique émise par le chakra du pénis.

Le cœur ou le centre cardiaque Anahata-chakra est le point central de toute évolution de la conscience de soi. Il n’y a pas de joie de vivre, donc de bonheur réel ou de béatitude spirituelle, si la conscience intuitive de l’amour n’a pas été ouverte.

Sans manifestation du principe de l’amour, l’individu reste froid malgré une intelligence plus ou moins parfaitement développée. Il n’est possible de vivre pleinement et harmo-nieusement de façon plus totale que si l’on ouvre son cœur à la vie et à l’amour.

L’amour n’est manifesté que s’il s’incarne dans la chair et se trouve exprimé envers son prochain proche, immédiat ou lointain. C’est de notre cœur que s’écoule la chaleur qui nous unit au monde dans lequel nous vivons. Cette chaleur est aussi celle de l’amour et non de l’intellect froid et possessif tourné vers l’acquisition des choses matérielles.

Il nous faut réaliser que le cœur est, avec le cerveau et le sexe, l’organe le plus sensible du corps. Il réagit immédia-tement à l’influence des émotions et des sentiments.

Notre vie dépend de son activité continue et rythmique. Lorsque le rythme cardiaque est affecté, même momenta-nément, comme par exemple lorsque le cœur s’emballe ou manque un battement, nous éprouvons instantanément de l’angoisse au centre de notre être psychique.

Les paroles exercent une grande influence sur la nature de nos sentiments et donc sur le rythme cardiaque. Le cerveau va réagir aussitôt de façon à solliciter le système hormonal et combattre l’agressivité exogène.

Ces défenses s’élaborent tout au long de la vie jusqu’à ce qu’elles finissent par constituer une puissante barrière contre toute tentative d’atteindre le cœur. L’examen de conscience, chaque soir avant de nous endormir, permet d’éclairer les causes internes ou externes qui influent sur notre état psychologique.

Observons que le hurlement joue le rôle d’une explosion à l’intérieur du corps du désir de la personnalité, qui mor-celle momentanément la rigidité engendrée par les peurs, les craintes et les angoisses de l’être profond.

Les cris, les pleurs et les sanglots profonds produisent un effet semblable en adoucissant et en réduisant les rigidités physiques, psychiques et mentales.

L’effet cathartique des hurlements, de la rage, de la pani-que, de la crainte, et de la tristesse n’est que de courte durée. La peur est plus difficile à faire remonter à la surface car ses racines sont beaucoup plus profondes.

Tant que l’individu n’arrive pas à se confronter à sa propre peur et à en comprendre les raisons, il va continuer à s’agiter, hurler, crier, aboyer, enrager, critiquer, tenir un discours négatif et destructeur et pleurer sans que l’en-semble de sa personnalité ne change beaucoup.

Il aura simplement substitué le processus cathartique au processus inhibiteur du refoulement, sans apporter aucun changement significatif dans le sens de la croissance de la conscience.

Sa personnalité profonde restera emprisonnée entre les for-ces inhibitrices dont elle ne sait interpréter l’influence et le désir d’obtenir un soulagement cathartique momentané.

Les rires et les pleurs, comme les cris et les gémissements de l’orgasme, constituent en soi des moyens de défense contre les angoisses sous-jacentes dans les diverses couches du psychisme subconscient, ainsi qu’un exutoire de la force vitale sous tension. Les rires nerveux sont aussi de cet ordre-là. On rit par habitude. On rit pour ne pas pleurer. On rit pour libérer les tensions intérieures. On rit de joie, de bonheur et de plaisir. On rit de tristesse, de douleur, de souffrance. On rit pour se soulager.

Le rire chez l’humain est mystérieux. Les animaux ne rient jamais. Les évangiles ne font jamais référence à un CHRIST rieur. Le BOUDDHA nous est toujours montré avec un très léger sourire au coin des lèvres. La femme qui jouit dans l’extase de l’orgasme sourit aux anges, de même l’homme satisfait.

En outre, il est intéressant de noter que, parallèlement, sur le plan amoureux, dans les instants qui précèdent l’orgas-me ou juste avant l’acmé orgasmique, la femme libère ses puissantes tensions émotives par des râles, des gémisse-ments, des cris, des hurlements et même des sanglots irré-pressibles de bonheur.

Il y a donc dans l’orgasme un processus qui favorise aussi la catharsis des peurs accumulées durant la semaine ou une certaine période accumulant les inquiétudes, les soucis ou les angoisses de tous ordres. Nous savons que le rire, dont les mécanismes reposent sur les drames de la vie, a égale-ment une fonction cathartique.

Le rire comme l’orgasme ou l’éternuement est un phéno-mène de soulagement. La psychanalyse tend à dire que l’éternuement serait une sorte de coït interrompu et le rire qui, selon Bergson, est le propre de l’homme, serait un processus de décompression des tensions émotives résultant de causes variées.

Le rire est un exutoire de tensions de diverses natures. Pour que l’orgasme érotique prenne une véritable dimen-sion mystique et extatique, il conviendrait préalablement que l’amour reliant deux personnes confine à la sagesse, produisant de puissantes émotions sexuelles venant du cœur.

S’il en était ainsi, le monde serait peuplé de mystiques marqués par les expériences de l’orgasme-extase. Ce n’est malheureusement pas le cas. Il ne suffit pas de revêtir la tunique du moine pour être moine ou avoir les fesses de Brigitte Bardot au temps de sa splendeur pour être Brigitte Bardot.

En dernière analyse, lorsqu’il y a accord entre la gorge, le cœur, le sexe et la pensée spirituelle, l’orgasme-extase attire de puissantes énergies subtiles en provenance des plans supérieurs de conscience qui se répandent dans toutes les parties de l’être, aussi bien physique que psychologique, d’où découle la forme suprême du plaisir nommé béatitude, source de la parfaite quiétude intérieure.

Dans l’amour tantrique, pour bénéficier des avantages spi-rituels qui en découleraient, l’accord devrait exister chez chacun des partenaires.

Ce plaisir, qui n’est pas uniquement sexuel, dénote que les mouvements du corps des amants, tout particulièrement les mouvements internes généralement imperceptibles et discrets, sont rythmiques, libres, et dirigés harmonieuse-ment vers l’extérieur, se traduisant par une large expan-sion de conscience et une ouverture exceptionnelle de la pensée inclusive ou intuitive.

Au moment de l’orgasme, les muscles du vagin et du pénis se contractent un certain nombre de fois dans un laps de temps donné.

Lorsqu’on éprouve le plaisir d’Éros, les yeux brillent, la peau est agréablement tiède et colorée, les lèvres sont épanouies et plus charnues, les manières vivantes et aisées, et l’allure calme et détendue.

Ces signes visibles sont la manifestation ostensible du dé-placement de l’énergie d’amour et du sang vers la péri-phérie du corps, ce qui constitue la contrepartie physio-logique d’un mouvement d’énergie spirituelle.

Par contre, l’absence de ces signes ostensibles de l’amour manifeste révèle qu’on n’éprouve pas de plaisir érotique, mais une douleur de frustration, qu’on la per-çoive ou non. Des yeux sans éclat indiquent que l’émotion est absente.

Une peau froide et blanche ou livide est due à la constric-tion des capillaires et des artérioles, indiquant que le sang est tenu à l’écart de la surface du corps.

Le corps dans son ensemble est marqué par la rigidité et son manque de spontanéité suggère que la charge éner-gétique ou magnétique du corps éthérique vital ne circule pas librement dans le système musculaire.

Cet état de contraction de l’organisme est une représen-tation somatique de la douleur. Ce tableau physique indi-que la présence d’un blocage de la circulation de l’émotion amoureuse et aimante au niveau des structures périphé-riques de l’organisme.

Tout plaisir tend à générer une réaction chaude et aimante, car le cœur communique alors directement avec le monde extérieur et les paroles deviennent chaleureuses traduisant de généreuses pensées et exprimant une volonté pleine de compassion pour le genre humain.

Lorsque les sentiments du cœur, dirigés par une volonté de générosité, ne parviennent pas à se manifester à travers les activités sexuelles pour un ou une partenaire donné(e), on peut ressentir une impression douloureuse de frustration et d’insatisfaction de l’existence, ainsi que de l’angoisse et de la dépression.

Le plaisir spirituel dans l’extase-orgasme se traduit par une réaction d’expansion de l’énergie magnétique ou prâ-nique (bioénergétique) impliquant un déplacement de char-ge vitale allant du cœur des centres cardiaque (Anahata-chakra) et sexuel (Swadhisthana-chakra) via la tête (Sahas-rara-chakra), les mains et les pieds.

Lorsqu’un fort contact s’établit avec l’environnement, l’interaction énergétique est intense en ces points. Par exemple, lorsque deux personnes chargées d’excitation sexuelle établissent un contact par le regard, on peut sentir la charge qui passe entre les yeux. Lorsque le contact passe par les yeux, il est à peu près assuré que l’amoureuse se mettra aussitôt à mouiller sa culotte et l’amoureux à bander.

De la même façon, ce qu’on éprouve en étant touché par des mains chargées est tout à fait différent de ce qu’on éprouve en étant touché par des mains froides, sèches ou contractées. Le plus intense de tous les contacts est, bien entendu, l’interaction énergétique des rapports sexuels.

En ce domaine, le caractère et le degré de cet échange dépendent de la quantité de charge qui circule dans cette zone de contact. Lorsque les lèvres des amants se collent, les décharges érotiques sont impressionnantes, l’homme bande rapidement et la femme mouille très vite.

L’usage de la voix dans le langage amoureux est parfois essentiel, pour ne pas dire toujours essentiel, pour conduire la partenaire vers l’extase de l’orgasme. En effet, les mots sont le langage de l’âme ou de la personnalité comme le mouvement est celui du corps.

La partenaire en ce domaine ne doit pas demeurer passive et se contenter de savourer les paroles de son amant.

Il lui faut participer en jouant avec la magie des mots qui édifient l’Eros et non l’inverse. Les mots permettent d’ame-ner le conflit vers la tête, c’est-à-dire de le faire émerger dans le mental objectif et le résoudre.

La parole extériorise le conflit intérieur. Le langage amou-reux permet de désamorcer les charges agressives refoulées. Lorsque les mots de quelqu’un ne viennent que de ses lèvres, il leur manque cette simplicité et cette relation inti-me qui viennent du cœur.

C’est dans l’affection érotique la plus profonde que s’opère avec le plus de succès la transmutation des conflits inté-riorisés.

Les mots, comme produits de la seule cérébralisation, sont techniques et intellectuels et ne permettent de réaliser aucune expansion de conscience dans l’acte amoureux. Les intellectuels qui parlent bien, mais qui n’expriment par leurs paroles aucun amour de l’âme, ne sont pas capables d’infuser dans le corps de leurs partenaires l’énergie ma-gnétique spirituelle dont ils devraient être les vecteurs.

(extraits de Acharat, Le corps féminin, cet inconnu, ouvrage en instance d’édition aux éditions Pierre Benacchio, 57100 Thionville)