Erotisme

Lettre n°1

Lettre n°1

aux étudiants

Introduction à la sexualité spiritualisée

Imbéciles mortels ! Vous croyez être maîtres d’éteindre les passions que la nature a mises dans vous. Elles sont l’ouvrage de Dieu. Vous voulez les détruire, ces passions, les restreindre à de certaines bornes. Hommes insensés ! Vous prétendez donc être de seconds créateurs plus puissants que le premier ? Ne verrez-vous jamais que tout est ce qu’il doit être, et que tout est bien ; que tout est de Dieu, rien de vous, et qu’il est aussi difficile de créer une pensée que de créer un bras ou un œil ?

Le cours de ma vie est une preuve incontestable de ces vérités.

(p. 5/6, Boyer d’Argens, Thérèse philosophe, 18ème siècle)

Hermès Trismégiste, le patriarche des alchimistes, le cla-mait déjà : ce qui est en bas est comme ce qui est en haut. Il venait d’énoncer une grande vérité : la galaxie est le corps visible de la Mère divine que le christianisme nomme Saint-Esprit.

Notre personnalité est le corps galactique dans l’état microcosmique. Il est le vêtement de l’âme humaine, de la conscience pensante. Il nous appartient d’en découvrir le mystère comme le recommandait Pythagore : Homme, connais-toi toi-même, et tu connaîtras le monde et ses dieux.

L’érotisme sexuel, par ses multiples pratiques, s’efforce de connaître l’autre soi-même, car, à moins de nous voir dans un miroir, nous ne nous voyons jamais tel que nous som-mes. En vérité, nous apprenons à nous connaître par le corps de l’autre, en l’occurrence notre partenaire d’amour. C’est par le sexe que les partenaires, dans la philosophie tantrique, sont appelés à se découvrir.

Les jeux de l’amour que l’on appelle les préliminaires ne sont-ils par les moyens de la divine exploration ? La sexua-lité est le moyen de la connaissance du monde. Les baisers, les contacts, les caresses, la fellation, le cunnilingus, le coît, les pénétrations et autres pratiques érotiques, sont les ou-tils de notre propre exploration intérieure. Le monde exter-ne n’existe que de l’intérieur.

Par l’exercice de la sexualité se manifeste dans la nature humaine le “Je Suis“ global. La notion de l’esprit érotique est inséparable du plaisir sexuel en général. C’est un point essentiel du bonheur dans le couple.

Il n’y a pas le corps d’un côté en tant que vie impersonnelle et l’existence ensuite de la Psyché, de l’Âme, de la Conscience, en tant que liberté et volonté. Le corps n’a pas d’existence sans la présence de sa Psyché animatrice.

En état de sommeil ou de rêverie éveillée, le corps réagit à la vie psychique de l’Âme qui se poursuit dans la conscience astrale, maintenant son lien avec l’organisme et le cerveau.

C’est ainsi qu’une rêverie érotique peut provoquer l’éjaculation chez le garçon ou l’homme et l’orgasme chez la fille ou la femme. Ces expériences prouvent que la vie sexuelle n’est pas indépendante de la vie de l’Âme, mais qu’elle est tout entière l’expression de la conscience de l’Âme.

La sexualité, c’est donc la force du « Je Suis » de l’être tout entier, dans lequel le corps, l’âme et l’esprit ne forment qu’une seule unité. La vie sexuelle engage toute notre vie personnelle, tout le pouvoir de la créativité de la con-science, tout le désir d’expression de l’Âme, toutes les inhi-bitions ou les désinhibitions de la Personnalité.

Elle révèle la réalité de l’Âme, autant que l’état de nos passions, de notre affectivité, de notre intelligence, de nos agressivités, de nos colères, de nos peurs, de notre violence incontrôlée.

Le fait que l’instinct sexuel se manifeste dès la naissance, sous des formes diverses, prouve suffisamment l’existence d’une relation entre la Psyché, son besoin de créativité et le corps, organe d’expression de cette créativité.

S’il est vrai que la sexualité est étroitement liée à la procréation biologique, elle ne lui est pas indispensable. On ne peut toutefois douter que la vitalité sexuelle, même si elle apparaît médiocre physiquement, est une énergie constituant le fondement des créativités mentale et spirituelle.

Notre corps et toute notre vie sexuelle qui s’y attache ne fonctionnent pas comme une vulgaire machine, décompo-sable en rouages et en opérations distincts.

Il existe au contraire une étroite unité de la conscience et du corps, très claire pour la vie. Le corps humain est un être sexué, habité par la Présence d’un Moi spirituel et immortel, d’une Conscience transcendante, d’un “Je Suis“ qui est permanence de la vie une et indéfectible. Le corps est le support vibratoire du mental, de l’âme et de l’esprit.

L’amour humain est donc à la base de l’amour sexuel. Tout en concédant qu’une amitié asexuelle soit possible entre l’homme et la femme, il s’agit là néanmoins d’un domaine truffé de pièges. Souvent, ce genre d’amitié n’est qu’une compensation d’amour sexuel, dont les éléments sensuels sont refoulés dans le subconscient astral du psychisme humain. Bien entendu, tout rapport masculin-féminin ne se traduit pas par une relation sexuelle. Toutefois, le langage de la communication humaine fait très souvent référence à la sexualité.

On ne peut s’empêcher de penser “sexe“ lorsqu’un homme rencontre une femme. Les jeux de séduction émaillent tout comportement humain du plus primaire au plus intelli-gent.

Qu’on le veuille ou non le sexe conduit l’humanité.

La libido est la clef psychologique de tous les comportements humains.

Beaucoup d’hommes et de femmes s’engagent dans une relation amoureuse « platonique », cachée et spiritualisée, pour échapper aux exigences grandissantes de son instinct sexuel.

Cette forme platonique de l’amour est donc une compensation analogue à la masturbation, mais d’aspect différent. La vérité est que là où l’homme et la femme s’entretiennent de sentiments, l’élément sexuel existe.

Le philosophe viennois Otto Weininger, dans son ouvrage “Le Sexe et le Caractère“ pensait que « l’amour n’a rien de commun avec la sexualité » : « Le véritable amour est platonique ; il ressemble, dit-il, au sentiment que Dante a éprouvé pour Béatrice, ou à la vénération pour la Vierge Marie ». Ces paroles n’engagent que ce philosophe.

Ce n’est pas si sûr qu’il n’existe aucun rapport entre la sexualité et l’amour. On a vu au contraire que la sexualité, c’est l’être tout entier, les Tantras l’affirment comme une vérité universelle. Dans tout amour, il y a le désir secret d’être uni avec son (ou sa) bien-aimé(e). Le Soi personnel de chaque individu éprouve le besoin de s’arrimer au Soi d’autres individus. Là commence le jeu de la séduction humaine.

Il y a dans l’amour, qu’il soit humain ou mystique, le besoin irrépressible de fusionner avec l’être aimé. Cet amour suppose un abandon de soi dans l’être aimé, une espèce de résorption de son organe de créativité dans celui de l’autre.

À l’idée d’amour se mêle très vite l’idée de mort, l’idée de se donner, de se perdre, de s’abandonner, en vue d’une régénération de soi et d’une renaissance de l’être-té sur un autre plan d’existence.

Le Dr A. Willy disait à propos de “L’Amour Sexuel“ (page 86, Tome 1, La Sexualité, Paris, Marabout, 1964) : « Pour notre part, il nous semble que l’union des éléments physi-ques et psychiques dans l’amour du couple est le plus bel accomplissement de la nature humaine ».

La sexualité est une force du “Je Suis“ d’un homme qui l’attire vers le “Je Suis“ d’une femme, afin de réaliser ce que la nature cosmique commande de faire : l’union des polarités complémentaires. L’union de ces “Je Suis“ fait que “nous sommes“.

Le résultat de l’union des polarités contraires est toujours une créativité, pas nécessairement biologique. Lorsqu’on s’éprend d’amour pour quelqu’un, il y a aussitôt manifes-tation d’un phénomène de sympathie ou d’empathie qui nous lie à l’autre, et dans l’inconscient se trouve aussitôt exprimé le désir de rapprochement sexuel.

Néanmoins le sentiment d’union sexuelle peut être refoulé immédiatement, soit parce que l’autre n’est pas responsif à notre attente, soit en raison de l’existence des tabous de la morale qui régissent socialement les rapprochements et les rapports humains, surtout sexuels.

Le refoulement de la sexualité dans la sympathie amou-reuse ou aimante est fréquent. Il est justifié par les tabous, les interdits, le savoir-vivre, l’éducation, les limites que les règles de la convenance morale et de la bienséance sociale nous imposent de ne pas outrepasser. L’amour spontané, le “coup de foudre“, est une réalité psychique. Son existence témoigne de la puissante influence du subconscient sur la vie sexuelle.

Dans tout phénomène amoureux ou aimant, le « Je Suis » de l’amoureux ou de l’amant est projeté vers le “Je Suis“ de l’autre à l’égard duquel existe un puissant sentiment de sympathie. Ces deux « Je Suis », s’ils ont un quelconque degré d’attirance mutuelle, vont éprouver le besoin sexuel d’unité.

Citons cette magnifique pensée de Krishnamurti : « Nier la vie sexuelle est une forme de brutalité. Elle existe. Le fait est là. Quand l’action n’est qu’une répétition mécanique et non pas un mouvement libre, il n’existe plus de Libération. Quand demeure en nous cet incessant besoin de s’accom-plir, nous sommes émotionnellement en échec. Il y a blo-cage. C’est ainsi que la vie sexuelle devient notre seule issue, la seule qui ne nous vienne pas de seconde main. La sexualité peut être aussi chaste que le ciel bleu sans nuage, mais avec la pensée survient le nuage qui assombrit tout. C’est la pensée qui est le poison et non pas l’amour, ni la sexualité, ni la chasteté. Ce qui est innocent est toujours chaste, mais l’innocence n’est pas le produit de la pensée. »

La sexualité, c’est la plénitude de la Vie Une en action, de la vie transcendante de l’Âme, de la vie suprême de l’Esprit Divin.

Dans tout phénomène amoureux ou aimant, le « Je Suis » de l’amoureux ou de l’amant est projeté vers le “Je Suis“ de l’autre à l’égard duquel existe un puissant sentiment de sympathie. Ces deux « Je Suis », s’ils ont un quelconque degré d’attirance mutuelle, vont éprouver le besoin sexuel d’unité.

Citons cette magnifique pensée de Krishnamurti : « Nier la vie sexuelle est une forme de brutalité. Elle existe. Le fait est là. Quand l’action n’est qu’une répétition mécanique et non pas un mouvement libre, il n’existe plus de Libération. Quand demeure en nous cet incessant besoin de s’accom-plir, nous sommes émotionnellement en échec. Il y a blo-cage. C’est ainsi que la vie sexuelle devient notre seule issue, la seule qui ne nous vienne pas de seconde main. La sexualité peut être aussi chaste que le ciel bleu sans nuage, mais avec la pensée survient le nuage qui assombrit tout. C’est la pensée qui est le poison et non pas l’amour, ni la sexualité, ni la chasteté. Ce qui est innocent est toujours chaste, mais l’innocence n’est pas le produit de la pensée. »

La sexualité, c’est la plénitude de la Vie Une en action, de la vie transcendante de l’Âme, de la vie suprême de l’Esprit Divin.

(extraits de Acharat, Le corps féminin, cet inconnu, ouvrage en instance d’édition aux éditions Pierre Benacchio, 57100 Thionville)